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vendredi 27 mai 2016

Le cas Lhermitte

Cela fait bien quelques temps que je n'avais pas écrit sur ce blog, qui tombe un peu en déshérence au milieu de mes multiples activités... Et pourtant ! Jamais je n'avais envisagé de le délaisser ainsi. Je ne sais si je pourrais un jour reprendre une activité weblogueuse régulière, mais profitons du moment présent, le reste suivra et... advienne que pourra, somme toute.

Ce soir - ou cette nuit, plutôt - je suis de retour de l'avant-première lilloise de La Nouvelle vie de Paul Sneijder de Thomas Vincent, adapté du roman Le cas Sneijder, de Jean-Paul Dubois, et avec Thierry Lhermitte dans le rôle principal (d'où le titre de ce billet). Et c'est, je le réalise, la première fois que je poste une critique sur ce blog-ci, depuis que j'ai fermé mon ancien blog de rôliste amateur de cinéma... Il faut dire qu'à l'origine, ce blog se voulait strictement documentaire, et quasi-professionnel (puisqu'il était un outil de préparation au métier de professeur-doc auquel je me destinais), mais la vie réserve bien des détours et des circonstances étranges, et ce blog en est le signe : d'abord j'ai dû, pour diverses raisons, y héberger une somme d'articles ludologiques et rôlistiques, lorsque j'ai abandonné l'un de mes sites web, ce qui l'a rendu assez *hybride* ; et puis, je l'ai délaissé pendant une grande période... après que ma vie ait pris diverses orientations dans ce monde et cette société du mouvant...

Ceci dit, je ne suis pas là pour vous raconter ma vie, mais plutôt celle de Mr. Sneijder... Ou plutôt, pour ne PAS vous la raconter... Je ne voudrais pas spoiler un film dont l'intérêt certain, est d'en découvrir toute la richesse. Et après avoir lu cette phrase, vous comprendrez toute l'estime que j'ai pour ce film.

D'abord, c'est un rôle particulier pour Thierry Lhermitte, que je n'étais pas habitué à regarder ainsi, dans la peau d'un personnage plutôt dramatique. Et cependant, le film ne manque pas d'humour... Comme ce blog, donc : un film hybride, entre un cynisme certain - et des dialogues sérieux, aux enjeux tendus -, et des passages très drôles, l'équilibre se révèle harmonieux, presque parfait :
l'humour ne nuit pas à l'importance de l'intrigue et de la détresse du héros, mais offre une détente bienvenue, et un ton décalé, léger sur un problème éthique personnel grave. Il navigue ainsi entre le drame et le thriller urbain.

Je dois ajouter que, malgré cela, le film ne tombe jamais dans une dénonciation caricaturale de la société actuelle, mais sait exprimer avec finesse et subtilité un vrai drame humain, tant psychologique que sociétal et, en un mot, humain.

Quelques mots de l'intrigue : suite à un accident d’ascenseur, la seule victime survivante, Paul Sneijder, qui a perdu sa fille dans le drame, subit des pressions de la part de sa famille (recomposée) et des avocats, pour entamer des poursuites judiciaires contre les compagnies responsables de la construction et de l'entretien dudit ascenseur...
Traumatisé par l'événement, Paul Sneijder quitte son travail pour devenir gardien de chiens, et cherche sa propre solution pour survivre au drame qu'il a vécu et reconstruire sa vie.

Il m'a beaucoup fait penser au livre d'Albert Camus, L’Étranger, car il met en scène une personne qui parle un langage différent de celui de la norme, ce qui aboutit à une incompréhension, une tension qui fait toute la beauté de ce film.

Après les grands succès des années 1990, que j'avais beaucoup appréciés (Promotion Canapé, La Totale !, Un indien dans la Ville, Le Dîner de cons, ...), j'ai découvert avec énormément de plaisir une nouvelle facette de Thierry Lhermitte, qui démontre ici - s'il en était encore besoin - l'étendue de son talent.