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vendredi 21 novembre 2008

Les réformes "Darcosiennes"

le "service minimum d'accueil"

Les grèves qui ont eu lieu hier "chez " les enseignants sont le prétexte idéal pour me décider à parler des réformes de Darcos.
Je rappelle que ces grèves avaient pour but de protester contre le "service minimum d'accueil", une mesure visant à faire accueillir les élèves par un dispositif mis en oeuvre par les mairies, lors de grèves importantes de la part des enseignants de l'Education Nationale dans les écoles maternelles et primaires.
Pour les syndicats d'enseignants, cette mesure aurait pour objectif de « briser les grèves » en en minimisant les effets auprès des parents d'élèves.
Mais le but était également de protester contres les suppressions de postes.

60 à 80 % des enseignants du premier et second degré étaient attendus à cette grève, selon Ouest-France,
objectif atteint selon La Tribune ( seule source que j'ai trouvée sur Internet mentionnant les résultats, Le Monde et Ouest-France n'ayant, apparemment, pas encore mis en ligne leurs estimations ), puisque « Pour les syndicats d'enseignants, le mouvement social de ce jeudi est une "réussite" avec plus de 50% de grévistes dans le secondaire et 69% dans le primaire. Le ministère de l'Education annonce pour sa part 33% de grévistes environ. »
Bref, actualité brûlante.


Mais en fait, c'est pour moi un prétexte, pour revenir sur la grande réforme de Nicolas Sarkozy et Xavier Darcos :


Les réformes de l'Education Nationale depuis 2007

Je brosse un résumé (très) rapide des objectifs des réformes Darcos /Sarkozy ( mais je suppose que tout le monde les connaît déjà plus ou moins, la presse et les médias en général, ayant déjà relayé amplement les infos sur cette réforme ) :

  • augmentation du niveau d'études des profs, dont on exigera à partir de 2010 un Master ( dans le cadre du système LMD européen ) pour l'accès au CAPES,
  • suppression de nombreux postes ( déjà 11.200 en 2008, et 13.500 postes prévus pour 2009, source : http://www.20minutes.fr/ )
  • un Lycée "modulaire" ( les élèves choisiront les cours qu'ils veulent suivre durant leur année scolaire parmi des "modules", dont certains seront obligatoires et formeront un tronc commun ) remplacera les actuelles séries générales et technologiques ( L, ES, S, STI, STG, SMS, etc. ...)
Ces "innovations" sont en général assorties de commentaires du ministre selon lequel le but de ces réformes seraient "la revalorisation du métier de professeur", - notamment par une hypothétique augmentation des salaires grâce aux économes réalisées sur les suppressions de postes, et un certain modernisme humanitaire.
Sous ce discours se cachent pourtant des objectifs purement économiques dont l'humain est absent : il s'agit simplement de réaliser des économies par d'importantes suppressions de postes, et le "lycée modulaire", d'une solution d'urgence visant à limiter l'augmentation du temps de travail induit par ceci...
On se plaignait déjà de ne pas avoir assez de profs pour trop d'élèves, ça ne va pas s'arranger !

Une première réaction envisageable pourrait être :
" c'est étonnant : on promet aux profs de mieux les payer, et ils continuent de rouspéter !" Argument qui serait très judicieux si la réalité s'arrêtait là. Sauf que les profs se battent avant tout pour sauvegarder leurs conditions de travail ( d'ailleurs déjà bien éprouvantes ) :

selon le site politique.net,
« Sans le dire, le gouvernement est en train de modifier entièrement la nature du métier d’enseignant : le ministère augmente le nombre d’heures supplémentaires pour que chaque professeur augmente son temps de travail. Mais cette hausse des heures supplémentaires passe obligatoirement par la suppression de postes. Et les enseignants qui ont vu leur poste supprimé sont alors affectés sur plusieurs établissements, voire sur des postes qui ne correspondent pas à leur formation. C’est l’avènement du “flexiprof”. »
( source : http://contreinfo.info/article.php3?id_article=1723 )

et d'ajouter que :
« Depuis 1997 et l’arrivée de Claude Allègre au ministère de l’Education, il faut "dégraisser le mammouth". L’Education nationale est le Premier budget de l’Etat. Dans un contexte de déficit budgétaire chronique, l’heure est donc à la baisse des coûts. Mais l’Education étant un pilier de la société et un sujet sensible aux yeux de l’opinion, le "dégraissage" doit se faire en douceur et répondre à une logique de bon sens. L’argumentation, désormais bien huilée, est donc simple et se veut imparable : le nombre d’enseignants doit diminuer car il y a une baisse des effectifs d’élèves. Raisonnement simple et suffisamment marqué sous le sceau du bon sens pour être compris par tous et expliqué dans les médias. Voilà pour la version officielle. Mais dans la réalité, le ministère procède à de multiples manœuvres pour créer artificiellement le surnombre et ainsi justifier la suppression de postes de profs et modifier en profondeur l’Education nationale.(...) »

Si les motifs des professeurs sont assez "égoïstes" (il faut se l'avouer, ils luttent surtout pour leurs propres conditions de travail ), on peut reconnaître qu'ils servent l'intérêt commun, puisque la suppression d'autant de postes met en péril la qualité d'enseignement dispensé aux adolescents dans les collèges et lycées ( et des enfants dans le primaire, par ailleurs ! ).

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